Amalia Laurent (1992, France) est une artiste et chercheuse qui vit et travaille entre Paris et Nîmes. Elle aborde des thèmes topographiques, géographiques et cartographiques à la fois réels et fantasmés. Son obsession pour les réalités alternatives a donné naissance à un corpus d’œuvres - teintures, installations, performances, sculptures - qui rend tangible les frontières entre monde réel et/ou parallèles. Elle réalise actuellement une recherche autour des liens entre dispositions architecturales et pratiques processionnelles à l’EHESS et elle est également membre du groupe de musique javanais Genthasari de l’association Pantcha Indra.
Le projet de résidence d’Amalia Laurent au cneai = s’inscrit dans le cadre du programme régional Résidences d’artistes de la Région Île-de-France.

2022 - 2023 : résidence / exposition & rencontres


Pendant les deux ans de résidence, l’artiste s’est attachée à réfléchir sur l’implantation du centre d’art, son contexte et les relations pouvant naître dans l’enceinte de la Cité internationale universitaire de Paris (CiuP). C’est tout d’abord en venant à la rencontre des différentes associations locales du 14ème arrondissement de Paris et des habitants de la CiuP (Les archéologues amateurs du 14ème, les Sirènes, les jardiniers de la cité, les techniciens, le Théâtre de la Cité Universitaire…) que l’artiste a pu développer et débuter ses recherches sur le territoire. Lieu de diversité culturelle et sociale, la CiuP a également généré d’énormes questionnements quant à son organisation, ses échanges internes entre institutions et la complexité d’un lieu accueillant des étudiants du monde entier.
En septembre 2022, cinq mois après le début de sa résidence, Amalia Laurent matérialise cette rencontre avec la CiuP à travers cinq tissus monumentaux ornant le majestueux hall de la Maison Internationale. Cette première intervention, synthèse d’une exploration de plusieurs mois aux côtés des habitants de la CiuP, avait pour vocation d’accompagner la Semaine du développement durable et de la Fête des Jardins. Ponctué de conférences, de débats, d’ateliers et de visite du jardin, l’exposition de l’artiste se proposait d’inviter directement l’espace extérieur des jardins de la CiuP au sein même du lieu qui l’organise et le gère. Il s’agissait plus précisément pour l’artiste de questionner comment l’ordre établit depuis presque 100 ans —c’est-à-dire les espaces de circulations, de lieu de vie, de détente ou de travail, d’extérieur protégé ou non— pouvait être décomposé et observé de manière simultanée —la rêverie s’insère dans un couloir, les arbres s’immiscent entre les colonnes en pierre…


2023 - 2024 : résidence / ateliers & exposition


L’année 2023, se concentra sur la mise en pratique quotidienne de cette confrontation des espaces. Mais comment décrire cette rencontre entre lieu réel et fictifs ? Car malgré la première intervention de l’artiste qui avait pour désir de provoquer l’ordre des espaces de la CiuP, il semblerait qu’au terme d’une multitude d’interviews, les étudiants de la cité provoquent eux-mêmes cette brèche au quotidien. Comment, alors, ces confrontations d’espaces surgissent-ils ?
En collaborant avec le Lycée Apollinaire de Thiais, l’artiste tenta de décomposer et recomposer ces mécanismes de fabrication d’espaces. Durant les différents ateliers, chaque classe —Terminale HLP, première et terminale en composition musicale et seconde en histoire et géographie— a fait naître un corpus de textes, de musiques et ou de cartes géographiques afin d’illustrer et de comprendre comment un lieu peut être bouleversé par l’imaginaire. L’édification de la bibliothèque de paysages par les élèves du lycée de Thiais a permis d’identifier ces moments d’apparitions en les encourageant à réfléchir sur la manière de les générer, de les décrire et enfin de les classer.
Au terme de la résidence, Amalia Laurent invita le duo Laurent Roque, composé de l’artiste et de l’architecte Delphine Roque, afin de reconstituer entièrement l’espace d’exposition du cneai =. L’œuvre « A Multiple Room You May Have Missed » pensée comme une installation permet au visiteur d’en faire différents usages comme autant d’explorations de l’espace. La tente principale recouverte de tissus blanc constitue un espace de jeu et d’échange. Lieux de fiction, les pièces agencées par Laurent Roque sont autant d’espaces propices aux récits et aux interrelations. Durant cette exposition monumentale, ouverte du 1er décembre 2023 au 8 février 2024, de multiples espaces fictifs ont pu se manifester grâce a une performance musicale autour de trois poèmes de J.R.R Tolkien mis en musique par Yndi Da Silva, interprété par Estelle Micheau avec une lecture des poèmes par Enora Jung, aux travaux des élèves du lycée de Thiais recouvrant l’espace de la tente principale ou encore la flûtiste Swann Perisse. De même, sans être le produit de l’illusion, l’installation a pu se transformer en exposition, en marché - par l’exposition et la vente d’œuvres des artistes Jeanne Moynot, Gorge Bataille, Anna George Lopez, Louise Siffert, Hortense Belhôte, Anna Byskov, Anouchka Oler Nussbaum -, ainsi qu’en lieu de jeu, abritant archivistes, étudiants et dormeurs.


Un accompagnement sur-mesure


L’artiste est encadrée tout au long de sa résidence en fonction du rythme de sa recherche, des rencontres et des temps de diffusion. L’intégralité du projet s’est attaché à suivre le travail personnel de l’artiste et ses liens avec le contexte et les possibilités de rencontres, souhaitées conjointement dans le but de développer l’ancrage territoriales et d’étendre la recherche théorique de l’artiste à de nouveaux contextes spécifiques.
Amalia Laurent a été accompagnée par plusieurs membres de l’équipe qui a également assuré le commissariat de ses expositions.
Voici les principaux objectifs de la résidence :

  • accompagnement théorique
  • coordination de rencontres avec des partenaires locaux et régionaux (associations de la CiuP et de Paris 14ème, lycée de Thiais, etc.)
  • accompagnement d’interventions en milieu scolaire
  • commissariat d’exposition (expositions personnelles au cneai =) et médiation sur son travail (visites, ouvertures d’expositions, organisations de performances, etc.)
  • développement en communication et visibilité

    Les suites sont nombreuses puisqu’à la sortie de sa résidence l’artiste poursuit sa thèse et intègre la prestigieuse Villa Médicis pour la rentrée de septembre 2024. Nous continuons à l’accompagner sur une post-résidence tournée vers le long terme et l’édition. Une collaboration fructueuse et rendue possible par l’enthousiasme unanime et par la qualité et la pertinence du travail d’Amalia Laurent.


Partenaire


Dans le cadre du programme régional Résidences d’artistes de la Région Île-de-France.