MUCEM
Commissaire : Marie-Charlotte Calafat
Reprise élargie de l’exposition présentée en 2018 au cneai = dans laquelle Alexandre Périgot présente sa recherche sur l’anonymat dans l’art et son corollaire, la célébrité. L’artiste déjoue une fois de plus les mécanismes de valorisation et de starification dans le domaine de l’art.
Pas moins de 1 300 reproductions d’œuvres anonymes du XVIe au XXIe siècle — peintures, photographies, dessins, schémas, objets d’artisanat et de design — forment une installation au sol, à la manière des « étaleurs de gravures » du XVIIIe siècle, et des actuels vendeurs de rue. Ces œuvres issues des collections du Centre national des arts plastiques, du MUCEM, du Musée d’arts de Nantes, du Musée des Beaux-Arts de Rennes, du Musée Rodin et pour ce nouvel opus du LaM de Villeneuve d’Ascq et du musée Fesch d’Ajaccio, ni signées ni attribuées, dont la plupart sont extraordinaires, écrivent une histoire de l’art masquée et complexe à la fois, tant sont nombreuses les références visibles entre un art populaire et anonyme d’une part et un art spectaculaire tel qu’il est reconnu actuellement.
Le travail d’Alexandre Périgot révèle les procédés de la spectacularisation. Ses installations souvent performatives empruntent aux mondes du cinéma, de l’architecture, du spectacle vivant, du sport ou des médias, pour mettre en scène la dimension improbable du « direct ». Face aux phénomènes de popularité, l’anonymat est une stratégie complexe que l’artiste explore depuis deux ans quand il découvre, lors de Voyage à Nantes, à l’occasion d’une recherche dans le Musée d’Arts de Nantes, que les musées ont une part significative d’inconnus dans leurs collections, des œuvres parfois majeures, souvent absoutes de signature, que les conservateurs hésitent à exposer ou à publier. Il apparaît alors nécessaire à l’artiste de constituer le premier musée des anonymes, le MNEP.
La pratique de la signature est ambivalente : elle n’apparaît vraiment qu’au XVIIIe siècle et ne s’applique que très récemment aux meubles et aux objets d’artisanat. Mon nom est personne révèle une fascination pour la célébrité qui est d’emblée paradoxale : attirance et répulsion cohabitent, au même titre que dérobade et responsabilité. L’exposition questionne le statut de ces œuvres-énigmes mais surtout, nous impose un travail réflexif et subjectif, puisque nous sommes nus devant les œuvres : aucune notice à laquelle nous raccrocher. L’autorité nous est rendue par défaut. Les œuvres réunies au Cneai sous la dénomination « anonyme » peuvent avoir plusieurs justifications et la complexité des raisons qui conduisent à l’anonymat autorise à se raconter, non pas une histoire, mais plusieurs. L’exposition forme en filigrane un récit sur la sacralisation de l’art, la justification des disciplines et les exercices de légitimation de sa valeur.
Le titre de l’exposition prend sa source dans trois fictions historiques : le western mythique My Name is Nobody de Tonino Valerii, la célèbre ruse d’Ulysse dans L’Odyssée d’Homère lors de son combat avec le cyclope et le film Dead Man de Jim Jarmusch. « Mon nom est personne » répondent ces héros quand on les interroge sur leur nom. Cela n’est pas sans lien avec l’épitaphe de Marcel Mariën : « Il n’y a aucun mérite à être quoi que ce soit ». L’exposition devient une scène où chercheurs, musiciens et danseurs sont amenés à interpréter des œuvres sans en connaître les auteurs.
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Alexandre Périgot est né en 1959 à Paris. Il participe aux biennales de Venise en 2003, d’Istanbul en 2008, de Belleville en 2010 et de Lodz en 2013. Les Maisons Témoins : La Maison d’Elvis (2005- ), La Maison de Dalida (2000- ) et La Maison du Fada (2005- ) et ses autres grands projets tels que Radiopopey (2002- ), Fanclubbing (1999- ), Blondasses (2002- ) et Dumbodélire (2013- ) font l’objet d’expositions personnelles dans de nombreux musées et centres d’art, notamment au Centre Pompidou (Paris), au MAMCO (Genève), au Musée d’art Contemporain de Marseille, au Tramway de Glasgow, au cneai = (Paris), à l’Arsenal (Bialystok), au Minneapolis Institut of Art et à La Criée (Rennes).
L’exposition s’accompagne d’un livre : Mon nom est personne. Livre d’artiste 304 p., 24 x 17cm, offset, 137 illustrations, Coédition cneai =, MUCEM, 2018. La publication présente 137 œuvres anonymes, du XVIe siècle au XXIe siècle, issues des collections du musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM) de Marseille.
> Plus d’informations sur : mucem.org/programme/exposition-et-temps-forts/mon-nom-est-personne
INFOS PRATIQUES
{MUCEM, J4 - niveau 2. Du lundi 29 juin 2020 au lundi 17 août 2020.}
PARTENAIRES
{Centre national des arts plastiques} {MUCEM} {Musée d’Arts de Nantes} {Musée des Beaux-Arts de Rennes} {Musée Rodin} {Le Voyage à Nantes} {Magasins généraux} {ESAD - École Supérieure d’Art et de Design de Valenciennes}