Enregistrer – Le bal des choses

Artiste
Lou Le Forban
Dates
07.09.22 → 14.09.22

Le cneai = initie, ENREGISTRER, un nouveau programme hybride de projections, à la croisée des arts plastiques et des images en mouvement.

Dans le cadre du cycle Enregistrer au cneai =, Lou Le Forban propose une version installée de son premier court-métrage, Le bal des choses, produit au Fresnoy, accompagnée de deux séries de dessins. Au cœur de cette exposition seraient les objets, leur propension à mener une vie autonome et à engendrer une narration multiple et labyrinthique. Progressivement ces objets se voient adjoints des gestes : saisir, caresser, frotter, lancer, casser, vendre, voler, jouer… Passant du dessin, à l’animation et à l’image filmée, les œuvres exposées détournent des éléments du quotidien pour glisser progressivement vers l’absurde, devenant dans un animisme joyeux, objeu pour reprendre le terme de Francis Ponge. Ainsi a lieu la rencontre explosive entre une brosse raide et un portefeuille poilu, une cafetière boit la tasse, une orange pleure sans que l’on sache l’objet de son chagrin, des gants respirent avant une bonne matinée de ménage, une corde après avoir levé l’ancre lie des amants, et on ne sait plus qui mène la danse.


Le projet de ce film, provient d’une combinaison entre son amour pour le cinéma burlesque, sa pratique plastique et performative ainsi que ses observations sur la ville de Marseille. Petr Kràl défini le rapport des burlesques aux objets comme « un animisme joyeux et poétique ». Les objets dans les films de Keaton, Chaplin ou encore Tati tiennent des rôles multiples ; ils peuvent être dévoyés de leur usage pour servir leur héros à l’image de la chambre à air transformée en couronne mortuaire dans Les vacances de Monsieur Hulot et inversement les objets changent les personnages. Mais ils peuvent aussi se liguer contre les humains, comme le fait le lit mécanique dans Charlot rentre tard. Si l’on songe au contexte historique de ces films, c’est pour le début du XXème siècle la prolifération des objets liées à l’industrialisation et plus tard pour Tati, les Trente glorieuses et le passage de l’Europe à la société de consommation. En 2022, la production en masse d’objets continue, mais suscite des critiques nombreuses face à son impact sur l’environnement. Par ailleurs le monde contemporain produit de nombreux phénomènes de dématérialisation (livres, documents, images, données). Le fantasme des écrivains de science-fiction « donner une conscience à des êtres inanimés » paraît désormais tout proche avec les objets connectés et l’intelligence artificielle. Vous pouvez d’ores et déjà converser avec votre enceinte ou votre téléphone.


Le bal des choses est tourné à Marseille, où Lou Le Forban grandi. Elle est toujours frappée par la circulation des objets dans cette ville. Cela est lié aux nombreux facteurs sociaux, politiques comme météorologiques, tout comme à sa position géographique de port méditerranéen. Il suffit d’un orage torrentiel pour que le tout-à-l’égout déborde et se déverse dans la mer, charriant de nombreux détritus, qui se retrouvent à l’eau ou sur les plages. Le vent, le Mistral fait atterrir le linge du voisin chez vous. La grève des éboueurs, entraîne régulièrement la quasi-obstruction des rues par les poubelles et encombrants. Un marché illégal une fois rasé se reconstitue quelques mètres plus loin. La pauvreté enfin et parfois même la misère font circuler sans trêve les objets de première et seconde main, quelquefois trouvés, quelquefois « tombés du camion ».


INFOS PRATIQUES
{Ouverture le 7 septembre à 17h (Salle Clarkson, Maison Internationale). Projection en continu jusqu’au 14 septembre.}


LIENS ASSOCIÉS
{avec la participation du DICRéAM}